
Fatigue chronique, infections à répétition, bleus inexpliqués… autant de symptômes qui peuvent alerter les médecins sur un dysfonctionnement de la moelle osseuse. Dans ce contexte, un examen s’impose souvent comme une étape incontournable : le myélogramme. Ce prélèvement de moelle osseuse permet d’explorer en profondeur la production des cellules sanguines. Peu connu en dehors du cercle médical, il joue pourtant un rôle décisif dans le diagnostic des maladies hématologiques, qu’elles soient bénignes ou graves.
Pour les patients comme pour les praticiens, comprendre le fonctionnement et l’intérêt de cet examen est essentiel. Le myélogramme n’est pas un simple test de laboratoire : c’est un véritable levier de compréhension des pathologies du sang.
Des avancées dans l’analyse cytologique
Ces dernières années, les laboratoires d’hématologie ont connu une transformation majeure grâce à l’intégration de l’intelligence artificielle dans l’analyse des myélogrammes. Des outils comme Morphogo ou Scopio Labs permettent désormais une lecture automatisée et assistée des lames de moelle, offrant une précision accrue et une réduction du temps d’analyse. Cela représente une avancée notable dans la prise en charge rapide de maladies graves comme les leucémies aiguës, où chaque jour compte.
Cette révolution technologique s’inscrit dans une volonté plus large de moderniser les outils de diagnostic et de personnaliser davantage les traitements, notamment dans les centres hospitaliers spécialisés et les CHU français.
Le myélogramme, c’est quoi exactement ?
Le myélogramme est un examen médical consistant à prélever, sous anesthésie locale, un échantillon de moelle osseuse, généralement au niveau du sternum ou de la crête iliaque. À ne pas confondre avec la moelle épinière, la moelle osseuse est le tissu situé à l’intérieur des os longs et plats, responsable de la fabrication des cellules sanguines (globules rouges, globules blancs, plaquettes).
L’analyse du prélèvement permet d’observer au microscope les cellules présentes dans la moelle. L’objectif est de comprendre si cette production est normale, excessive ou déficiente.
Les principales indications du myélogramme

Le myélogramme est prescrit lorsque le médecin soupçonne une anomalie dans la production des cellules sanguines. Cela peut concerner :
- une anémie inexpliquée ou sévère
- une chute des globules blancs (neutropénie) ou des plaquettes (thrombopénie)
- une suspicion de leucémie, de lymphome ou de myélome multiple
- le suivi de certains cancers du sang ou d’aplasies médullaires
- l’exploration de fièvres prolongées ou d’infections inhabituelles
Comment se déroule l’examen ?
Bien que redouté, le myélogramme est rapide, peu invasif et généralement bien toléré.
- Le patient est installé en position couchée ou semi-assise.
- Une anesthésie locale est pratiquée sur la zone de ponction.
- À l’aide d’une aiguille spécifique, le médecin prélève une petite quantité de moelle.
- L’échantillon est immédiatement préparé sur lame pour une analyse cytologique.
- L’examen dure en moyenne 15 à 30 minutes.
Il peut entraîner une sensation de pression ou de brève douleur lors du prélèvement, mais les complications sont rares.
Un outil de diagnostic mais aussi de suivi
Le myélogramme ne sert pas uniquement à diagnostiquer une pathologie. Il est aussi utilisé pour :
- évaluer la réponse à un traitement (par exemple après une chimiothérapie)
- surveiller une rémission ou une rechute
- adapter les protocoles thérapeutiques dans le cadre des hémopathies chroniques
C’est donc un examen de référence dans le parcours de soin des patients atteints de maladies du sang.
Que révèle l’analyse du myélogramme ?
L’analyse porte sur la morphologie des cellules présentes dans la moelle, leur proportion et leur degré de maturité. Le biologiste identifie :
- les différentes lignées cellulaires : érythroblastes (précurseurs des globules rouges), myéloblastes (prédécesseurs des globules blancs), mégacaryocytes (précurseurs des plaquettes)
- les éventuelles cellules anormales ou immatures
- les signes de dysplasie, de fibrose ou d’envahissement tumoral
Ces données permettent d’orienter vers un diagnostic précis : leucémie, syndrome myélodysplasique, myélofibrose, etc.
Une lecture qui requiert expertise et précision
L’interprétation du myélogramme repose sur une analyse fine et experte, souvent complétée par des examens complémentaires : immunophénotypage, caryotype, biologie moléculaire. C’est un véritable travail d’équipe entre hématologues, cytologistes et techniciens de laboratoire.
Myélogramme ou biopsie ostéomédullaire ?
Le myélogramme est souvent complété, dans certains cas, par une biopsie ostéomédullaire. Celle-ci consiste à prélever un fragment osseux contenant de la moelle, pour analyser la structure architecturale de cette dernière.
Ce second examen est surtout utile lorsqu’il existe une fibrose médullaire ou une infiltration diffuse suspectée, non visible sur un myélogramme seul.
Une étape souvent décisive dans le parcours de soin
Même s’il peut sembler impressionnant, le myélogramme reste une étape essentielle pour poser un diagnostic précis, amorcer un traitement ciblé et suivre l’évolution d’une maladie hématologique. Il permet ainsi d’éviter des traitements inadaptés ou des erreurs de diagnostic aux conséquences potentiellement graves.
Pour de nombreux patients, il constitue le point de départ d’un combat contre une maladie sérieuse, et pour les médecins, un outil de surveillance continue dans la prise en charge.
Un examen à mieux faire connaître
Dans un contexte où les maladies hématologiques sont de plus en plus fréquentes et mieux dépistées, le myélogramme s’impose comme un examen de première ligne, rapide et fiable. Grâce aux avancées technologiques, notamment en imagerie et en intelligence artificielle, il devient encore plus précis et accessible.
Informer le public sur sa nature, son utilité et son déroulement permet de lever les appréhensions et de renforcer la relation de confiance entre patients et soignants. Car derrière un simple prélèvement se cache souvent une réponse essentielle, qui peut sauver une vie.
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